vendredi 11 mai 2012

JUSTE UN PONT

Dans la seule ville de Potosi, 6 à 8 millions d'indiens sont morts dans les mines en l'espace d'un siècle et demi afin de fournir à l'Espagne, première puissance économique mondiale de l'époque, ses 135 000 tonnes d'argent. Pourtant, le génocide amérindien qui aurait fait 90 millions de victimes n'est toujours pas reconnu.

En 2008, découvrant les cultures amérindiennes et ce qu'elles endurent de notre avidité,  je fus pris d'un fort écoeurement, au point que lors de mon initiation en mars 2009, je demandai à la montagne sacrée de m'aider à ne plus remettre les pieds en Europe et d'oublier résolument ce monde prédateur. Tel n'était pas le rêve que la montagne sacrée me réservait, et c'est pourquoi toutes sortes de problèmes apparurent à l'issue de la cérémonie, comme pour me faire partir et me renvoyer d'où je venais. Je retournai le mois suivant auprès de la montagne et cette fois-ci - puisqu'il faut toujours lui présenter une requête - je lui demandai juste de m'inspirer la bonne attitude. La sagesse de ce qui était en train de se produire dans ma vie bolivienne m'échappait mais j'y devinais une leçon qu'il me fallait recevoir. Pendant la cérémonie qui fut parmi les plus fortes, je compris soudain que la montagne voulait que je fasse le pont, que je préserve mes racines d'occidental et me réconcilie plus fortement avec mes ancêtres européens. Pas de message, pas de mission. Le discours des montagnes montrait la place et l'équilibre réciproque de ces deux cultures dans ma vie. Les opportunités se multiplièrent alors pour me permettre de rester. 
Comme me l'expliquait encore récemment un amauta : " combattre et tuer le virus de l'occident ne signifie pas tuer l'occident mais l'informer, le guérir, l'aider, lui transmettre l'énergie de la vie, le vitaliser, lui enseigner comment reconstruire le lien avec la Terre Mère. Lui faire comprendre que son universalisme est destructeur s'il le confond avec ses manies monoculturalistes ". La cosmovision andine est une philosophie inclusive et non pas exclusive. Jamais vaincue par le christianisme, elle l'a au contraire intégré, transformé et aculturé sans perdre jamais sa propre sagesse.  

2 commentaires:

Don Felipe a dit…

Simple, beau et direct, comme toujours ! Merci Juanito !

Anonyme a dit…

Bien mon ami ! Guy