Un compte-rendu de Yves-Fred Boisset : La revue Murmures d'Irem que nous avons plusieurs fois présentée à nos lecteurs est éditée par L'Oeil du Sphinx. Ce même éditeur a publié en avril dernier un livre fort curieux intitulé L'Art Obscur et signé par Jean-Luc Colnot. Portant en sous-titre secrets de magie et magie du secret, préfacé par Philippe Marlin, directeur de cette édition, et postfacé par Philippe Pissier, ce livre a retenu toute notre attention et, avouons-le, excité notre curiosité incurable. Le propos de l'auteur est original et nous emmène hors des sentiers battus de l'occultisme, mais cette originalité, loin de nous entraîner vers les élucubrations dont le New Age est si friand, nous ramène à une vision traditionnelle de l'ésotérisme, même si le langage est différent de celui auquel la lecture des traités ésotériques nous a habitués depuis bien longtemps. Dans sa préface, Philippe Marlin plante le décor en définissant l'ésotérisme comme étant la force de la vie, la grandeur de l'Amour et la richesse de la Nature. Et Jean-Luc Colnot résume l'ensemble en ajoutant que l'ésotérisme, c'est le Souffle du Dragon. Qui dit ésotérisme ou occultisme dit secret (ce qui cause grand effroi et souvent haine chez ceux qui ne le partagent pas), mais l'auteur, dans un louable souci de clarté et de démystification, nous explique que pour l'occultiste maître de son art, cacher ne veut pas dire jouer le mystère mais le vivre. Son art est d'occulter le monde, d'en faire émerger l'inconnaissabilité, d'avoir sur toute chose le regard étonné. Peut-être pourra-t-on dire alors qu'il connaît vraiment le mystère. Il en a toute l'intensité, toute la vitalité et le parfum. Il semble n'avoir plus besoin de passer pour un sage [...] Il ne s'agit pas de s'enfermer dans des silences remarqués pour avoir l'air d'être mystérieux (pages 27-28). Mais la logique rationaliste qui conduit le monde depuis plusieurs siècles (et particulièrement le monde occidental, scientifique et industriel) n'est pas la seule manière d'appréhender la vie et tout ce qui la constitue. L'occultisme (et Papus nous l'a suffisamment démontré en son temps) repose essentiellement sur la loi d'analogie. Toutes les sciences traditionnelles, écrit Jean-Luc Colnot, ont pour fondement cette syntonie du microcosme et du macrocosme. Paracelse précise d'ailleurs que "microcosme et macrocosme sont un". Ce livre est aussi un plaidoyer en faveur des sciences réputées secrètes et qui ne sont que naturelles, telle la magie, qui n'a rien à voir avec les phantasmes dont on l'a entourée. Les magiciens ont le respect de l'invisible et du visible. Ils ne sont pas déconnectés de la réalité de tous les jours [...] On ne cherche aucun pouvoir, on n'attend pas désespérément des états de conscience supérieurs. On porte le regard sur ce qui est là [...] Se connaître soi-même... sacraliser l'ordinaire (page 108). Au total, voilà un beau livre écrit d'une plume alerte, un de ces livres que l'on a toujours du mal à refermer. (compte-rendu de Yves-Fred Boisset dans la revue martiniste L'Initiation n°2, pages 144-145, 2001).
Le même chroniqueur avait également consacré une note à la "lecture captivante de cet ouvrage dont on aurait envie de citer mille et mille passages" dans sa revue de poésie La Braise et l'Etincelle ...
C'est donc par ces quelques notes de lecture que je signale que L'Art Obscur est épuisé et qu'on ne peut plus se le procurer auprès de l'éditeur. Sans doute doit-on pouvoir en commander quelques exemplaires encore sur les sites de la FNAC ou bien sur celui de L'Atelier Empreinte. Peut-être.
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