dimanche 2 mars 2008

UN MAGICIEN DU SIÈCLE D'OR


    Un ami me demande s'il existe une documentation reprenant l'ensemble des arguments contre et pour la pratique de la magie en milieu catholique. Ma réponse : 

    Un livre s'intitule Défense en faveur des livres catholiques de la magie (1615). Il reprend tous les arguments pour et contre la pratique magique par des catholiques : 

1/ Avertissements contre les livres de magie de Francisco Torreblanca de Villalpando. 
2/ Réponse de l'intéressé
    Chap.1 De l'excellence de la magie et de la nécessité des lettres humaines pour les divines. 
    Chap.2 Des délits de magie et de la vérité justifiant qu'ils soient punis. 
    Chap.3 De la force des étoiles sur les choses inférieures. 
    Chap.4 Du Temple de Salomon comparé à celui de l'Escurial. 
    Chap.5 Des Hespérides, de leurs jardins et des vérités qui s'y trouvent. 
    Chap.6 Des clercs de la Couronne et de leurs dérogations selon le saint concile de Trente. 
Table des citations bibliques et classiques.

    C'est un livre assez court, très érudit et intéressant que je traduirai peut-être un jour et qui est à mon avis indispensable concernant le rapport entre magie et confession catholique, du fait qu'il établit des frontières très claires et intelligentes sur ce qu'il est licite ou non de pratiquer dans ce cadre. Il est repris en appendice d'un extraordinaire ouvrage de démonologie du même auteur qui s'attache à débusquer de manière très fine les actions démoniaques dans les pratiques occultes. Le titre en est : Epitomes delictorvm in qvibus aperta, vel oculta inuocatio daemonis interuenit (1618).

    Fils de convers, originaire de Cordoue, ce magicien était également procureur du roi ; il est par conséquent l'auteur d'une étude fouillée sur la jurisprudence et les lois en lien avec les pratiques magiques : Iuris spiritualis practicabilium libri XV ex lege domini siue reuelatis a Deo per Sacra[m] Scripturam vel in communi Ecclesiae, vel in particulari hominum (1635). Il est le neveu d'un autre magicien célèbre de l'époque, le très salomonien Juan Bautista de Villalpando.

    PS : Évoquant le Père Juan Eusebio Nieremberg sj, auteur d'un magnifique "Oculta filosofía" et d'une "Curiosa y oculta filosofía", le professeur Alberto Montaner Frutos remarque (p. 409) un phénomène qui m'a frappé également depuis bien longtemps : tous ces auteurs « sont inconnus des historiens de l'occultisme et autres, comme il est de coutume lorsqu'il s'agit de productions hispaniques. Ni lui, ni Martín de Castañega, Pedro Ciruelo, Francisco de Vitoria, Hernando Castrillo, Benito Pereira ou, au moins, Martín del Río, n'apparaissent cités dans le Dictionnaire critique de l'ésotérisme, dirigé par Jean Servier, Paris, PUF, 1998, alors que dans le monumental Dictionnaire de la gnose et de l'ésotérisme occidental, coordonné par Hane graaff, Leiden, Brill, 2006, ne sont mentionnés qu'en passant Maître Ciruelo (p. 134) et le père del Río (pp. 469 et 612) ». Les travaux de Mariano Villalba et de Juan Pablo Bubello sur le magicien du XVème siècle Enrique de Villena ne suffisent pas à combler cette immense lacune, tant les auteurs concernés sont souvent d'un niveau largement égal à celui des Agrippa et autres Paracelse.

    Quant à la traduction de leurs œuvres les plus significatives et utiles... Ma foi !

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