Le terme “dérive”, fut adopté pour la première fois dans ce sens par l’Internationale Situationniste, pour se référer à de longues marches, sans but, autour de nos villages et dans nos villes, réimaginant les tours résidentielles, les monuments et les fontaines publiques comme s’il s’agissait de châteaux de sagesse, de points d'eau susurrante ou de sources d’éternelle jeunesse.
Le but de la dérive était de reconnaître la beauté dans le paysage urbain et de reconquérir du terrain sur la tyrannie de la planification austère et oppressante, à travers le pouvoir transformateur de l’imagination. Par la technique de la dérive, les situationnistes pouvaient changer radicalement leur expérience de la ville et convertir les espaces gris urbains et décadents en paysages magiques remplis de merveilles et d’enchantements sans limites. Malgré cela, ils en arrêtèrent peut-être trop rapidement l’exercice, au lieu de le porter jusqu’à sa conclusion logique.
Une fois pelée l’écorce grise de l’urbanité du monde et découvert un monde magique plein d’esprits, la phase suivante consiste à voir ce que tu peux faire avec cet univers d’esprits et enquêter sur ce qu’ils pourraient également faire pour toi.
La technique de la dérive ne révèle pas seulement une magie, mais aussi tout un processus qui nous y relie. Elle a beacoup d’applications différentes et peut être utilisée dans des contextes trés variés. On peut s’en servir comme d’une méthode de communication directe avec le “genus loci” ou esprit d’un lieu en particulier ou d’une aire géographique plus étendue, ou bien encore comme une façon de dialoguer avec n’importe quelle entité avec laquelle on travaille. Elle peut servir de méthode pour recueillir de puissants ingrédients et matériaux pour les rituels, ou pour chercher des réponses à des questions de divination. Les applications pratiques de la dérive sont nombreuses et le magicien imaginatif en découvrira sans doute une grande quantité. Elle peut être appliquée pratiquement à n’importe quel endroit et à n’importe quel moment ; ainsi, elle est idéale pour les situations où tu n’es pas préparé et où tu veux improviser l’une ou l’autre forme de magie puissante.
Les mécanismes de la dérive sont simples. Tu essaies de marcher entre les mondes pour en ramener quelque chose d’utile. C’est essentiellement un voyage chamanique qui se déroule en temps réel, par opposition au concept de voyage interne (comme les transes au tambour des tribus indigènes, telles que les jivaros). La dérive t’entraîne hors de ton temple bien confortable, pourvu du chauffage central, et elle te place dans un monde comme peu de pratiques occultes le feraient. Tu y portes ta magie vers le monde, dans un sens très réel et très physique.
Une dérive peut commencer de nombreuses manières et dépend de la situation et de l’essai qu’on veut faire. Parfoisn les dérives peuvent être spontanées. Si tu as intériorisé suffisamment la pratique, il n’est pas rare que tu te trouves projeté dans une dérive chamanique, virtuellement là, à tout instant. Sortir acheter ta bouteille de lait, rentrer depuis le pub jusqu’à la maison, ou aller faire des courses peut se transformer en une forte magie d’une minute à l’autre. La dérive spontanée peut affiner ta sensibilité et ton adaptabilité à un très haut degré, mais pour obtenir les meilleurs résultats, tu dois être capable de recevoir et de filtrer l’“information” de façon effective. La dérive est une des pratiques occultes à haut risque pour ce qui concerne ta santé mentale, puisqu’elle favorise un niveau d’ouverture à une communication spirituelle qui peut faire peur. Avant que tu aies pu t’en rendre compte, tu deviens ce type fou qui parle dans la rue avec des choses invisibles et fouille dans les poubelles à la recherche de secrets occultes. Ceci est assez relié à cette forme de travail et c’est pourquoi, pour commencer, il est plutôt utile d’apprendre une méthode permettant de l’activer et le désactiver.
Il est important de te rappeler que ce que tu essaies de faire, c’est de “marcher entre les mondes”, en insistant sur le mot “entre”. Il est relativement facile de finir en chute libre avec cette pratique et de se convertir rapidement en paranoïaque lunatique, mais ce n’est ce vers quoi l’on tend. C’est ton habileté en tant que sorcier qui te permet de naviguer en toute sécurité dans les aires les plus sauvages de la conscience pour en rapporter quelque chose d’utile. Afin de parvenir à asseoir la pratique de la dérive, il te faut développer une capacité suffisante, dés lors qu’il s’agit de discerner entre ton existence quotidienne et l’expérience chamanique d’hyper-réalité.
Pour commencer la dérive, c’est une bonne idée de chercher un endroit qui convienne, un point d’accès qui te permettra d’entrer dans la réalité chamanique et d’y revenir quand ton travail sera terminé. Le point d’accès à la réalité chamanique le plus immédiat et le plus accessible est, bien entendu, le carrefour. N’importe quel lieu habité est pourvu d’une croisée de chemins, avec des aspects caractéristiques, et le carrefour est le symbole par excellence de l’intersection entre les mondes. Cependant, tout travail en rapport avec les croisées de chemins tombe sous le joug de différents Dieux, Déesses, Saints, Esprits et Mystères qui leurs sont associés. Il te faut leur demander la permission avant de pouvoir traverser le seuil. Ceci est très simple à réaliser si tu entretiens déjà un rapport avec une ou plusieurs de ces entités. Le modus operandi général serait de leur faire des offrandes adéquates et de leur demander si elles ouvriront la porte pour toi, te permettant de la passer et de connaître la réussite dans ta dérive. Tu devrais rechercher leur bénédiction pour ton voyage et leur demander qu’elles t’assurent un retour sain et sauf.
Les mystères des carrefours sont essentiels pour opérer dans ce domaine ; malgré cela, il est possible de débuter un voyage chamnique urbain dans un style plus libre, en utilisant un croisement physique comme porte, une arche, une ruelle étroite ou une route qui, symboliquement, serait similaire, puisque ces structures sont encore du domaine de la “croisée des chemins”, du point de vue ésotérique. Autrement dit, si l’opération complète se déroule sous les auspices d’une entité propre aux croisées de chemins, aussi bien par son implication que par sa protection, il est probable que tu en tireras des résultats bien meilleurs. Après avoir effectué les offrandes et reçu la permission, tu peux commencer la dérive. Traverse le porche/porte/etc de ton lieu de départ ou sors du croisement par un chemin différent de celui d’où tu es venu. Maintenant, tu entres dans la réalité chamanique.
Dans les premières étapes de la dérive, tu devrais commencer par te connecter à ce qui t’entoure. Prête attention à ce qui se passe autour de toi et essaie de lire le langage de la ville ou du lieu où tu te trouves. Cherche des graffitis étranges, des titres dans les journaux usés, des mots étranges ou des phrases qui sautent sur toi en provenance de ce qui, en d’autres occasions, passerait inaperçu, etc. Prête attention aux morceaux de conversation que tu entends, aux paroles des chansons crachées par l’auto-radio de la voiture qui passe, ou aux annonces faites par le haut-parleur de la gare. Tu cherches un signe, un signal que tu puisses interpréter en rapport avec ton exercice, ton intention de voyage. N’essaie pas de le forcer ou de fabriquer quelque chose qui coïncide, relaxe-toi dans la dérive et attends que quelque chose surgisse par soi-même. Le processus de la dérive est un dialogue dans les deux sens avec les esprits.
Il te faudra peut-être faire preuve de patience, mais lorsque tu seras sur la bonne voie, tu le sauras. Le premier bout d’information qui parviendra vraiment jusqu’à toi répondra à ta question, ou bien il t’enverra vers l’étape suivante de ton voyage. Parfois les dérives peuvent se résoudre rapidement ; par exemple, quelques minutes à peine après avoir franchi ton point d’accès, tu vois un morceau aléatoire d’art des rues qui répond à ta question en termes sans équivoques. Si cela se produit, il te suffit de revenir à la croisée des chemins, de remercier les esprits et de leur demander de refermer la porte derrière toi. Parfois, c’est aussi simple que ça. Toutefois, le premier message que tu reçois t’envoie souvent vers un autre endroit ou ne te raconte qu’une partie de l’histoire, de sorte que tu devras continuer et chercher plus de pistes. Tu peux arriver à un point où tu auras l’impression de suivre un fil symbolique à travers la ville. Chaque signe que tu reçois te conduit un peu plus loin, vers ton destin et la réalisation de ton dessein. Parfois, il se peut que tu perdes complètement le fil et te retrouve sans avoir l'idée de l’endroit où te rendre. Si cela se produit, relaxe-toi et essaie de te reconnecter à nouveau, reprenant le fil pour suivre le parcours correct.
Occasionnellement, les esprits t’entraînent sur une piste vraiment tordue ; par exemple, il se peut que tu trouve un fragment de carte surgissant avec tellement de force qu’il te faut prendre un bus jusqu’à l’autre bout de la ville pour achever ta recherche. Ou tu pourrais te retrouver dans un voyage compliqué et épuisant à travers la ville, pour finir par te rendre compte que ce que tu cherchais se trouvait juste en face de la porte de ton immeuble. Lors d’une dérive, il peut arriver n’importe quoi. Tu entres dans une zone au potentiel fortement accru, et tu dois être disposé à n’importe quelle résolution imprévue.
L’un des plus grands obstacles au succès de la dérive est ta conscience de toi-même. Le message de la dérive pourrait clairement te dicter de faire quelque chose qu’une partie de toi rejette. Il pourrait t’être demandé de voler quelque chose de particulier dans un lieu public, ou de te comporter d’une façon réellement inhabituelle dans un lieu totalement inapproprié. Souvent, tout ce qui peut être fait dans des circonstances comme celle-ci, c'est d’aller au-delà de ce que ton conditionnement social t’autoriserait normalement et… d’avoir foi en la magie. C’est surprenant à quel point tu peux faire des choses en public sans que personne ne réagisse, spécialement dans les grandes villes.
La dérive peut parfois être un dur labeur, et si tu ne parviens pas à dépasser le “ putain mais je fais quoi, là ?” tu ne seras pas engagé complètement dans le processus. Une technique utile pour te libérer de ta propre honte ou conscience de toi, c’est de mettre un instant l’essai de dérive de coté et de la considérer simplement comme un exercice abstrait de déconditionnement.
Si tu te surprends en train de douter d’une action inoffensive mais extrêmement particulière, comme par exemple de ramasser une vieille godasse devant tout le monde et de l’enfiler à la place d’une de tes chaussures, ou de ramasser un truc totalement incongru pour venir le placer, religieusement et bien en vue, au milieu d’un grand nombre de gens, alors tu auras découvert sans le chercher quelque chose de trés intéressant sur toi-même. Tu as découvert l’un des murs de ta personnalité, quelque chose qui pose des limites à ce que tu considères comme un comportement acceptable en public. Qu’est-ce que ça fait là ? A quoi ça sert ? Regarde de plus prés les réponses émotionnelles que tu as générées et vois ce que tu peux découvrir sur toi-même. Le processus consistant à essayer de te mouvoir au-delà de l’une de ces simples petites barrières pour acquérir un objet de pouvoir pourrait être considéré à bon droit comme un acte puissant de chamanisme.
L’un des aspects les plus difficiles et les plus complexes de cette forme de travail consiste à savoir trouver l’équilibre entre te laisser emporter et tramer ce qui se produit sur ta route, jusqu’au but final du voyage. Il est aussi facile de se laisser distraire par des phénomènes secondaires et d’oublier que tu es en train de faire une dérive que d’être tellement centré sur ta pratique que tu passes à coté d'un matériel important en le négligeant sans t’en rendre compte. Trouver le bon équilibre ne vient que par la pratique et l’expérience ; ne sois pas trop dur avec toi-même au début. Va où te mène la dérive, mais garde toujours à l’esprit les raisons pour lesquelles tu as entrepris ce voyage. Si tu sens que tu dévies trop du chemin, ne crains pas de te guider avec douceur pour y revenir. Si parvient jusqu’à toi quelque matériel périphérique ou étrange qui semble ne pas avoir de rapport avec ton objectif, tu peux en prendre notre pour enquêter dessus un autre jour. Tu auras peut-être besoin d’une autre dérive pour en découvrir les mystères.
Pour contextualiser un peu tout ça, je ne fais ici que poser quelques petits exemples pratiques sur des situations lors desquelles on peut utiliser la dérive. La méthode est idéale pour des travaux divinatoires, en particulier si tu as besoin d’obtenir une réponse rapide à quelque question importante mais que tu n’as pas accès à une parafernalia comme les cartes du tarot ou les pierres runiques. Tu peux utiliser une brève dérive divinatoire pendant la courte pause- repas, ou en rentrant à la maison aprés le travail, ou en toute autre situation où tu auras besoin d’obtenir une information en peu de temps, au travers d’une méthode non-ordinaire.
Il est besoin de peu de choses pour se préparer et planifier une dérive : rends-toi à la croisée des chemins, fais tes offrandes, pose la question et vas voir quelle réponse t’est donnée. Une pratique en rapport avec l’obtention d’information est la divination souterraine, qui peut être réalisée dans toute ville possédant le métro. Tu commences la dérive à l’entrée de la station et tu visualises littéralement ta descente dans le métro comme un voyage chamanique dans le monde d’en-dessous, à la recherche des connaissances cachées. Tu descends et accèdes à un paysage extraterrestre avec des murs de carreaux blancs, des lumières fluorescentes agressives et des vers de métal qui glissent dans la terre en transportant des humains à demi conscients. Chevauche les lignes jusqu’à trouver la réponse que tu cherches. Parle aux habitants des lieux, lis leurs murs - trace-y tes sigils - écoute leurs voix et essaie de comprendre leur langage. Il se peut que tu veuille offrir ton tribut à quelque vagabond pour l’information que tu recevras de lui.
Tu peux aussi utiliser la dérive si tu as besoin de réaliser quelque enchantement spontané et que tu n’as pas accès aux outils de ton temple que tu utilises habituellement. Tu commenceras la dérive de la manière coutumière demandant à être guidé pour obtenir les ingrédients et les accumuler dans quelque bourse à composants ou dans quelque autre fétiche, que tu pourras même, en cas d’urgence, fabriquer en papier ou carton, fermé par un élastique, ou dans un sac de supermarché... tu marches dans les rues jusqu’à trouver une série d’éléments spécifiques pour ta bourse, lesquels devront avoir un rapport avec ton intention. Les ingrédients peuvent être de toute nature, depuis les plantes attirant ton attention et poussant entre les pavés, jusqu’à des sigils dérivés de graffitis sur les murs, ou toute chose que tu sentirais en rapport ou qui se manifesterait à toi de façon étrange. Plus tu travailles avec la dérive, plus il t’est aisé de reconnaître et d’acquérir ce dont tu as besoin.
Aprés un temps, il se peut que tu te voies même développer un “langage” d’ingrédients pour l’utiliser dans un travail de cette nature. Comme toujours, résiste à la tentation de faire quelque liste arbitraire de correspondances esthétiquement plaisante. Les ingrédients devront t’être révélés au travers du processus chamanique manifesté par la dérive elle-même. Si tu veux, il peut être intéressant de te construire un système simbolique, une après-midi au bar, avec une tasse de thé et des petits gâteaux, mais c’est un chemin de traverse qui fait que tu ne t’impliques pas complètement dans ce que nous pourrions appeler la réalité chamanique. Les correspondances peuvent être inventées, mais après l’action ; elles doivent t’être révélées directement par les esprits, au cours de la dérive, dans l’instant. C’est ce qui leur donne pouvoir et sens. Si tu évites toute cette partie du travail et que, par exemple, tu décides que les mégots représentent des débris de l’âme humaine, tu enlèves toute la magie que peut avoir le procédé. La magie intervient en terres sauvages et imprévisibles, hors de l’ego individuel, et tu ne peux t’approcher en aucune façon de ces lieux si tu ne relâches pas le contrôle et ne laisses pas que le matériel dont tu as besoin émerge de lui-même. Une fois effectuée ta dérive en quête des ingrédients et qu’ils sont placés dans ta bourse à composants, il est possible que tu veuilles chercher un lieu approprié pour la charger. Si tu n’es pas encore familiarisé avec la psychogéographie d’un lieu, laisse la dérive te guider jusqu’au lieu qui convient. Tu peux faire des offrandes aux esprits associés à cet endroit particulier, ou aux Dieux et Déesses avec lesquels tu travailles habituellement, et leur demander qu’il te donnent pouvoir, à toi et à ta bourse. Ceci pourrait requérir de laisser ta bourse cachée dans un endroit particulier pour revenir ensuite la chercher, à un moment particulier. Ou cela pourrait vouloir dire qu’il te faut tourner, sept ou huit fois, en sens inverse des aiguilles d’une montre autour d’une statue ou d’un édifice, avec la bourse dans ta main. Ou tout autre chose. Parle avec les esprits, écoute ce qu’ils ont à te dire, et ne leur fais pas de promesses que tu ne tiendras pas.
Si tu projettes de travailler régulièrement avec la méthode de la dérive, tu devrais te familiariser d’une manière ou d’une autre avec le paysage occulte de la ville où tu vis. Essaie d’apprendre ce que tu peux sur l’histoire locale, regarde les vieilles cartes de la zone, investis beaucoup de temps dans la dérive en apprenant le paysage urbain, les alentours et leur écosystème, à l’intérieur et à l’extérieur. Dans ta ville, il pourrait bien y avoir une vieille croisée, ou des pierres, de vieux arbres, de belles rivières, des hôpitaux effrayants, des puits à souhaits, des châteaux enchantés ou de puissants tripots nocturnes. Sois attentif à ce qui se passe en ces lieux. Visite-les souvent, parle avec les esprits qui les habitent et fais-en tes alliés.
Accepte la responsabilité du lieu où tu vis et opères. Joue le rôle du sorcier local de ton secteur. Deviens l’ami des pouvoirs qui s’y trouvent et essaie de tisser des relations de bienfaits mutels avec eux. Ecoute ce qu’ils attendent de toi et respecte toujours ta part dans l’échange. Il y a toujours des sacrifices et l’on n'obtient rien sans rien. Si tu prouves que tu es disposé à t’impliquer dans les affaires de ta ville, ils collaboreront plus aisément avec toi. Découvre les traités que préparent les fantômes et les esprits de ta ville pour entrer en relation avec toi et quels cadeaux ils pourraient te faire eux aussi.
Il n’y a pas de livre de loi ni de guide pas à pas pour ce type de jeu-travail, il ne s’agit que de relation personnelle et d’interaction directe. Tout ce qu’on peut donner, ce sont des pistes indicatrices et des notes basées sur l’expérience. Ce guide a principalement été écrit à partir de la perspective de la sorcellerie urbaine, mais ses principes peuvent facilement être appliqués à une ambiance rurale. Si tu vis hors de la ville, tu peux peut-être te rendre compte que l’information émerge à travers de phénomènes comme le vol des oiseaux, la position des branches mortes sur le sol, la forme que prennent les nuages, les figures formées par les bois flottant dans l’eau, sur la plage, et beaucoup d’autres facteurs ambiants… essaie d’expérimenter dans différents endroits, pour voir ce qui se passe.
Traduit de l'anglais par J-L COLNOT (c) copyright, 2008
Photos : Parc d'attraction abandonné (Japon)
Le but de la dérive était de reconnaître la beauté dans le paysage urbain et de reconquérir du terrain sur la tyrannie de la planification austère et oppressante, à travers le pouvoir transformateur de l’imagination. Par la technique de la dérive, les situationnistes pouvaient changer radicalement leur expérience de la ville et convertir les espaces gris urbains et décadents en paysages magiques remplis de merveilles et d’enchantements sans limites. Malgré cela, ils en arrêtèrent peut-être trop rapidement l’exercice, au lieu de le porter jusqu’à sa conclusion logique.
Une fois pelée l’écorce grise de l’urbanité du monde et découvert un monde magique plein d’esprits, la phase suivante consiste à voir ce que tu peux faire avec cet univers d’esprits et enquêter sur ce qu’ils pourraient également faire pour toi.
La technique de la dérive ne révèle pas seulement une magie, mais aussi tout un processus qui nous y relie. Elle a beacoup d’applications différentes et peut être utilisée dans des contextes trés variés. On peut s’en servir comme d’une méthode de communication directe avec le “genus loci” ou esprit d’un lieu en particulier ou d’une aire géographique plus étendue, ou bien encore comme une façon de dialoguer avec n’importe quelle entité avec laquelle on travaille. Elle peut servir de méthode pour recueillir de puissants ingrédients et matériaux pour les rituels, ou pour chercher des réponses à des questions de divination. Les applications pratiques de la dérive sont nombreuses et le magicien imaginatif en découvrira sans doute une grande quantité. Elle peut être appliquée pratiquement à n’importe quel endroit et à n’importe quel moment ; ainsi, elle est idéale pour les situations où tu n’es pas préparé et où tu veux improviser l’une ou l’autre forme de magie puissante.
Les mécanismes de la dérive sont simples. Tu essaies de marcher entre les mondes pour en ramener quelque chose d’utile. C’est essentiellement un voyage chamanique qui se déroule en temps réel, par opposition au concept de voyage interne (comme les transes au tambour des tribus indigènes, telles que les jivaros). La dérive t’entraîne hors de ton temple bien confortable, pourvu du chauffage central, et elle te place dans un monde comme peu de pratiques occultes le feraient. Tu y portes ta magie vers le monde, dans un sens très réel et très physique.
Une dérive peut commencer de nombreuses manières et dépend de la situation et de l’essai qu’on veut faire. Parfoisn les dérives peuvent être spontanées. Si tu as intériorisé suffisamment la pratique, il n’est pas rare que tu te trouves projeté dans une dérive chamanique, virtuellement là, à tout instant. Sortir acheter ta bouteille de lait, rentrer depuis le pub jusqu’à la maison, ou aller faire des courses peut se transformer en une forte magie d’une minute à l’autre. La dérive spontanée peut affiner ta sensibilité et ton adaptabilité à un très haut degré, mais pour obtenir les meilleurs résultats, tu dois être capable de recevoir et de filtrer l’“information” de façon effective. La dérive est une des pratiques occultes à haut risque pour ce qui concerne ta santé mentale, puisqu’elle favorise un niveau d’ouverture à une communication spirituelle qui peut faire peur. Avant que tu aies pu t’en rendre compte, tu deviens ce type fou qui parle dans la rue avec des choses invisibles et fouille dans les poubelles à la recherche de secrets occultes. Ceci est assez relié à cette forme de travail et c’est pourquoi, pour commencer, il est plutôt utile d’apprendre une méthode permettant de l’activer et le désactiver.
Il est important de te rappeler que ce que tu essaies de faire, c’est de “marcher entre les mondes”, en insistant sur le mot “entre”. Il est relativement facile de finir en chute libre avec cette pratique et de se convertir rapidement en paranoïaque lunatique, mais ce n’est ce vers quoi l’on tend. C’est ton habileté en tant que sorcier qui te permet de naviguer en toute sécurité dans les aires les plus sauvages de la conscience pour en rapporter quelque chose d’utile. Afin de parvenir à asseoir la pratique de la dérive, il te faut développer une capacité suffisante, dés lors qu’il s’agit de discerner entre ton existence quotidienne et l’expérience chamanique d’hyper-réalité.
Pour commencer la dérive, c’est une bonne idée de chercher un endroit qui convienne, un point d’accès qui te permettra d’entrer dans la réalité chamanique et d’y revenir quand ton travail sera terminé. Le point d’accès à la réalité chamanique le plus immédiat et le plus accessible est, bien entendu, le carrefour. N’importe quel lieu habité est pourvu d’une croisée de chemins, avec des aspects caractéristiques, et le carrefour est le symbole par excellence de l’intersection entre les mondes. Cependant, tout travail en rapport avec les croisées de chemins tombe sous le joug de différents Dieux, Déesses, Saints, Esprits et Mystères qui leurs sont associés. Il te faut leur demander la permission avant de pouvoir traverser le seuil. Ceci est très simple à réaliser si tu entretiens déjà un rapport avec une ou plusieurs de ces entités. Le modus operandi général serait de leur faire des offrandes adéquates et de leur demander si elles ouvriront la porte pour toi, te permettant de la passer et de connaître la réussite dans ta dérive. Tu devrais rechercher leur bénédiction pour ton voyage et leur demander qu’elles t’assurent un retour sain et sauf.
Les mystères des carrefours sont essentiels pour opérer dans ce domaine ; malgré cela, il est possible de débuter un voyage chamnique urbain dans un style plus libre, en utilisant un croisement physique comme porte, une arche, une ruelle étroite ou une route qui, symboliquement, serait similaire, puisque ces structures sont encore du domaine de la “croisée des chemins”, du point de vue ésotérique. Autrement dit, si l’opération complète se déroule sous les auspices d’une entité propre aux croisées de chemins, aussi bien par son implication que par sa protection, il est probable que tu en tireras des résultats bien meilleurs. Après avoir effectué les offrandes et reçu la permission, tu peux commencer la dérive. Traverse le porche/porte/etc de ton lieu de départ ou sors du croisement par un chemin différent de celui d’où tu es venu. Maintenant, tu entres dans la réalité chamanique.
Dans les premières étapes de la dérive, tu devrais commencer par te connecter à ce qui t’entoure. Prête attention à ce qui se passe autour de toi et essaie de lire le langage de la ville ou du lieu où tu te trouves. Cherche des graffitis étranges, des titres dans les journaux usés, des mots étranges ou des phrases qui sautent sur toi en provenance de ce qui, en d’autres occasions, passerait inaperçu, etc. Prête attention aux morceaux de conversation que tu entends, aux paroles des chansons crachées par l’auto-radio de la voiture qui passe, ou aux annonces faites par le haut-parleur de la gare. Tu cherches un signe, un signal que tu puisses interpréter en rapport avec ton exercice, ton intention de voyage. N’essaie pas de le forcer ou de fabriquer quelque chose qui coïncide, relaxe-toi dans la dérive et attends que quelque chose surgisse par soi-même. Le processus de la dérive est un dialogue dans les deux sens avec les esprits.
Il te faudra peut-être faire preuve de patience, mais lorsque tu seras sur la bonne voie, tu le sauras. Le premier bout d’information qui parviendra vraiment jusqu’à toi répondra à ta question, ou bien il t’enverra vers l’étape suivante de ton voyage. Parfois les dérives peuvent se résoudre rapidement ; par exemple, quelques minutes à peine après avoir franchi ton point d’accès, tu vois un morceau aléatoire d’art des rues qui répond à ta question en termes sans équivoques. Si cela se produit, il te suffit de revenir à la croisée des chemins, de remercier les esprits et de leur demander de refermer la porte derrière toi. Parfois, c’est aussi simple que ça. Toutefois, le premier message que tu reçois t’envoie souvent vers un autre endroit ou ne te raconte qu’une partie de l’histoire, de sorte que tu devras continuer et chercher plus de pistes. Tu peux arriver à un point où tu auras l’impression de suivre un fil symbolique à travers la ville. Chaque signe que tu reçois te conduit un peu plus loin, vers ton destin et la réalisation de ton dessein. Parfois, il se peut que tu perdes complètement le fil et te retrouve sans avoir l'idée de l’endroit où te rendre. Si cela se produit, relaxe-toi et essaie de te reconnecter à nouveau, reprenant le fil pour suivre le parcours correct.
Occasionnellement, les esprits t’entraînent sur une piste vraiment tordue ; par exemple, il se peut que tu trouve un fragment de carte surgissant avec tellement de force qu’il te faut prendre un bus jusqu’à l’autre bout de la ville pour achever ta recherche. Ou tu pourrais te retrouver dans un voyage compliqué et épuisant à travers la ville, pour finir par te rendre compte que ce que tu cherchais se trouvait juste en face de la porte de ton immeuble. Lors d’une dérive, il peut arriver n’importe quoi. Tu entres dans une zone au potentiel fortement accru, et tu dois être disposé à n’importe quelle résolution imprévue.
L’un des plus grands obstacles au succès de la dérive est ta conscience de toi-même. Le message de la dérive pourrait clairement te dicter de faire quelque chose qu’une partie de toi rejette. Il pourrait t’être demandé de voler quelque chose de particulier dans un lieu public, ou de te comporter d’une façon réellement inhabituelle dans un lieu totalement inapproprié. Souvent, tout ce qui peut être fait dans des circonstances comme celle-ci, c'est d’aller au-delà de ce que ton conditionnement social t’autoriserait normalement et… d’avoir foi en la magie. C’est surprenant à quel point tu peux faire des choses en public sans que personne ne réagisse, spécialement dans les grandes villes.
La dérive peut parfois être un dur labeur, et si tu ne parviens pas à dépasser le “ putain mais je fais quoi, là ?” tu ne seras pas engagé complètement dans le processus. Une technique utile pour te libérer de ta propre honte ou conscience de toi, c’est de mettre un instant l’essai de dérive de coté et de la considérer simplement comme un exercice abstrait de déconditionnement.
Si tu te surprends en train de douter d’une action inoffensive mais extrêmement particulière, comme par exemple de ramasser une vieille godasse devant tout le monde et de l’enfiler à la place d’une de tes chaussures, ou de ramasser un truc totalement incongru pour venir le placer, religieusement et bien en vue, au milieu d’un grand nombre de gens, alors tu auras découvert sans le chercher quelque chose de trés intéressant sur toi-même. Tu as découvert l’un des murs de ta personnalité, quelque chose qui pose des limites à ce que tu considères comme un comportement acceptable en public. Qu’est-ce que ça fait là ? A quoi ça sert ? Regarde de plus prés les réponses émotionnelles que tu as générées et vois ce que tu peux découvrir sur toi-même. Le processus consistant à essayer de te mouvoir au-delà de l’une de ces simples petites barrières pour acquérir un objet de pouvoir pourrait être considéré à bon droit comme un acte puissant de chamanisme.
L’un des aspects les plus difficiles et les plus complexes de cette forme de travail consiste à savoir trouver l’équilibre entre te laisser emporter et tramer ce qui se produit sur ta route, jusqu’au but final du voyage. Il est aussi facile de se laisser distraire par des phénomènes secondaires et d’oublier que tu es en train de faire une dérive que d’être tellement centré sur ta pratique que tu passes à coté d'un matériel important en le négligeant sans t’en rendre compte. Trouver le bon équilibre ne vient que par la pratique et l’expérience ; ne sois pas trop dur avec toi-même au début. Va où te mène la dérive, mais garde toujours à l’esprit les raisons pour lesquelles tu as entrepris ce voyage. Si tu sens que tu dévies trop du chemin, ne crains pas de te guider avec douceur pour y revenir. Si parvient jusqu’à toi quelque matériel périphérique ou étrange qui semble ne pas avoir de rapport avec ton objectif, tu peux en prendre notre pour enquêter dessus un autre jour. Tu auras peut-être besoin d’une autre dérive pour en découvrir les mystères.
Pour contextualiser un peu tout ça, je ne fais ici que poser quelques petits exemples pratiques sur des situations lors desquelles on peut utiliser la dérive. La méthode est idéale pour des travaux divinatoires, en particulier si tu as besoin d’obtenir une réponse rapide à quelque question importante mais que tu n’as pas accès à une parafernalia comme les cartes du tarot ou les pierres runiques. Tu peux utiliser une brève dérive divinatoire pendant la courte pause- repas, ou en rentrant à la maison aprés le travail, ou en toute autre situation où tu auras besoin d’obtenir une information en peu de temps, au travers d’une méthode non-ordinaire.
Il est besoin de peu de choses pour se préparer et planifier une dérive : rends-toi à la croisée des chemins, fais tes offrandes, pose la question et vas voir quelle réponse t’est donnée. Une pratique en rapport avec l’obtention d’information est la divination souterraine, qui peut être réalisée dans toute ville possédant le métro. Tu commences la dérive à l’entrée de la station et tu visualises littéralement ta descente dans le métro comme un voyage chamanique dans le monde d’en-dessous, à la recherche des connaissances cachées. Tu descends et accèdes à un paysage extraterrestre avec des murs de carreaux blancs, des lumières fluorescentes agressives et des vers de métal qui glissent dans la terre en transportant des humains à demi conscients. Chevauche les lignes jusqu’à trouver la réponse que tu cherches. Parle aux habitants des lieux, lis leurs murs - trace-y tes sigils - écoute leurs voix et essaie de comprendre leur langage. Il se peut que tu veuille offrir ton tribut à quelque vagabond pour l’information que tu recevras de lui.
Tu peux aussi utiliser la dérive si tu as besoin de réaliser quelque enchantement spontané et que tu n’as pas accès aux outils de ton temple que tu utilises habituellement. Tu commenceras la dérive de la manière coutumière demandant à être guidé pour obtenir les ingrédients et les accumuler dans quelque bourse à composants ou dans quelque autre fétiche, que tu pourras même, en cas d’urgence, fabriquer en papier ou carton, fermé par un élastique, ou dans un sac de supermarché... tu marches dans les rues jusqu’à trouver une série d’éléments spécifiques pour ta bourse, lesquels devront avoir un rapport avec ton intention. Les ingrédients peuvent être de toute nature, depuis les plantes attirant ton attention et poussant entre les pavés, jusqu’à des sigils dérivés de graffitis sur les murs, ou toute chose que tu sentirais en rapport ou qui se manifesterait à toi de façon étrange. Plus tu travailles avec la dérive, plus il t’est aisé de reconnaître et d’acquérir ce dont tu as besoin.
Aprés un temps, il se peut que tu te voies même développer un “langage” d’ingrédients pour l’utiliser dans un travail de cette nature. Comme toujours, résiste à la tentation de faire quelque liste arbitraire de correspondances esthétiquement plaisante. Les ingrédients devront t’être révélés au travers du processus chamanique manifesté par la dérive elle-même. Si tu veux, il peut être intéressant de te construire un système simbolique, une après-midi au bar, avec une tasse de thé et des petits gâteaux, mais c’est un chemin de traverse qui fait que tu ne t’impliques pas complètement dans ce que nous pourrions appeler la réalité chamanique. Les correspondances peuvent être inventées, mais après l’action ; elles doivent t’être révélées directement par les esprits, au cours de la dérive, dans l’instant. C’est ce qui leur donne pouvoir et sens. Si tu évites toute cette partie du travail et que, par exemple, tu décides que les mégots représentent des débris de l’âme humaine, tu enlèves toute la magie que peut avoir le procédé. La magie intervient en terres sauvages et imprévisibles, hors de l’ego individuel, et tu ne peux t’approcher en aucune façon de ces lieux si tu ne relâches pas le contrôle et ne laisses pas que le matériel dont tu as besoin émerge de lui-même. Une fois effectuée ta dérive en quête des ingrédients et qu’ils sont placés dans ta bourse à composants, il est possible que tu veuilles chercher un lieu approprié pour la charger. Si tu n’es pas encore familiarisé avec la psychogéographie d’un lieu, laisse la dérive te guider jusqu’au lieu qui convient. Tu peux faire des offrandes aux esprits associés à cet endroit particulier, ou aux Dieux et Déesses avec lesquels tu travailles habituellement, et leur demander qu’il te donnent pouvoir, à toi et à ta bourse. Ceci pourrait requérir de laisser ta bourse cachée dans un endroit particulier pour revenir ensuite la chercher, à un moment particulier. Ou cela pourrait vouloir dire qu’il te faut tourner, sept ou huit fois, en sens inverse des aiguilles d’une montre autour d’une statue ou d’un édifice, avec la bourse dans ta main. Ou tout autre chose. Parle avec les esprits, écoute ce qu’ils ont à te dire, et ne leur fais pas de promesses que tu ne tiendras pas.
Si tu projettes de travailler régulièrement avec la méthode de la dérive, tu devrais te familiariser d’une manière ou d’une autre avec le paysage occulte de la ville où tu vis. Essaie d’apprendre ce que tu peux sur l’histoire locale, regarde les vieilles cartes de la zone, investis beaucoup de temps dans la dérive en apprenant le paysage urbain, les alentours et leur écosystème, à l’intérieur et à l’extérieur. Dans ta ville, il pourrait bien y avoir une vieille croisée, ou des pierres, de vieux arbres, de belles rivières, des hôpitaux effrayants, des puits à souhaits, des châteaux enchantés ou de puissants tripots nocturnes. Sois attentif à ce qui se passe en ces lieux. Visite-les souvent, parle avec les esprits qui les habitent et fais-en tes alliés.
Accepte la responsabilité du lieu où tu vis et opères. Joue le rôle du sorcier local de ton secteur. Deviens l’ami des pouvoirs qui s’y trouvent et essaie de tisser des relations de bienfaits mutels avec eux. Ecoute ce qu’ils attendent de toi et respecte toujours ta part dans l’échange. Il y a toujours des sacrifices et l’on n'obtient rien sans rien. Si tu prouves que tu es disposé à t’impliquer dans les affaires de ta ville, ils collaboreront plus aisément avec toi. Découvre les traités que préparent les fantômes et les esprits de ta ville pour entrer en relation avec toi et quels cadeaux ils pourraient te faire eux aussi.
Il n’y a pas de livre de loi ni de guide pas à pas pour ce type de jeu-travail, il ne s’agit que de relation personnelle et d’interaction directe. Tout ce qu’on peut donner, ce sont des pistes indicatrices et des notes basées sur l’expérience. Ce guide a principalement été écrit à partir de la perspective de la sorcellerie urbaine, mais ses principes peuvent facilement être appliqués à une ambiance rurale. Si tu vis hors de la ville, tu peux peut-être te rendre compte que l’information émerge à travers de phénomènes comme le vol des oiseaux, la position des branches mortes sur le sol, la forme que prennent les nuages, les figures formées par les bois flottant dans l’eau, sur la plage, et beaucoup d’autres facteurs ambiants… essaie d’expérimenter dans différents endroits, pour voir ce qui se passe.
Traduit de l'anglais par J-L COLNOT (c) copyright, 2008
Photos : Parc d'attraction abandonné (Japon)
2 commentaires:
Un petit exemple de dérive est donné par Dr Strange :
http://monjournalmagick.hautetfort.com/archive/2006/08/09/exemple-de-synchronicite.html
Me voilà bien étonné et passionné par la découverte de cette dérive magique. Etonné de découvrir que je pratique quelque chose de semblable quand je vais marcher dans la forêt. J'y entre en me laissant disponible à ce qui m'entoure, arbres bien sûr, plantes, êtres, bruits, silences, odeurs, vents, etc, écouter, voir, sentir, sans but, avec la seule contrainte de revenir. Jamais je ne me suis perdu, je suis toujours quelque part, qui me conduira à un chemin.
Il y a 2 ou 3 ans j'avais entrepris d'aller aux champignons, et je me suis retrouvé en un lieu qui m'avait paru spécial.
C'était sur une crête, où de vieilles roches affleuraient, entourées de vieux arbres, le lieu était habité d'un calme particulier, et manifestement peu fréquenté. Au pied de ces roches il y avait des plants de houx en cercle, je suis entré dans ce cercle et j'ai prié l'esprit du lieu de me guider. Puis je me suis laissé dériver. Et je me suis retrouvé au pied d'une petite tourbière, qui était en fait bien plus grande qu'il ne me paraissait, quelques pas à l'intérieur ont suffit à me faire comprendre que j'allais m'y embourber. Et alors je suis revenu à moi, je n'avais plus aucune idée de ma position, j'ai tourné pendant une heure, pas de doute, j'étais perdu! Ou du moins le pensais-je? J'ai alors cherché à revenir au cercle de houx, je l'ai retrouvé, et j'ai pu retrouver mon chemin ensuite. Mais peut-être que j'aurais du persister dans cette dérive? qui sait ce que j'aurais trouvé? En revenant je m'étais dit que je m'étais perdu parce que je n'avais pas émis d'intention claire pour ma dérive, ou parce que je n'avais pas bien formulé ma prière à l'esprit du lieu.
Maintenant cet article me dit que je pourrais faire la même chose en ville. Ca ne me serait jamais venu à l'esprit. Je m'applique pourtant à l'explorer, avec l'oeil d'un voyageur ou d'un naturaliste, mais je mle sens agressé par l'agitation, la foule, les voitures, et ce que je perçois comme l'impénétrable rigidité des goudrons, bâtiments, rues, portes, barrières qui couvrent, enferment, canalisent ou bloquent partout la circulation des éléments. Quelque chose fait blocage en moi peut-être, ou quelque chose échappe à ma compréhension, et je me dis qu'expérimenter cette dérive magique en ville me serait d'autant plus formatrice. Mais il faut formuler une intention claire je suppose?
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